DROITS HUMAINS

Les guerres contre les milices Boko Haram et séparatistes des régions anglophones du Sud-Ouest et Nord-Ouest ont marqué la persistance des situations de violence et de violations des droits humains au mois d’Avril 2021.

Les crises sécuritaires et socio-politiques qui menacent l’intégrité territoriale du Cameroun depuis plusieurs années dans les trois régions du Cameroun engluées dans les guerres asymétriques que livrent l’armée républicaine contre les milices terroristes et les milices séparatistes respectivement à l’Extrême-Nord et dans les zones anglophones montrent que les tensions restent vives. Malgré les discours officiels qui laissent croire à un nettoyage des foyers des milices, une maitrise de la situation et une chute des tensions, le 4è rapport mensuel que vient de rendre publique le Groupe de travail sur les Droits humain dénommé Stand Up For Cameroon (SUFC) sur les droits humains révèle qu’au cours du mois d’avril 2021, le Cameroun a continué à connaître des tensions et des événements violents ayant entraîné des morts et de graves violations des droits humains.

Le rapport mensuel du mois d’avril 2021 indique qu’au moins 65 situations de violence ont été observées dans les principales zones de crise. Ces situations de violences se répartissent ainsi qu’il suit : 20 actions meurtrières, 09 explosions, 04 incendies et 20 violences n’ayant pas entraîné des décès. En revanche, il y a des exactions et des attaques armées qui ont conduit à 45 morts dont 19 dans l’Extrême-Nord et 27 dans les régions anglophones du Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Par ailleurs, au moins 27 personnes ont été kidnappées au cours du même mois d’avril.

Pour les cas nébuleux ou en instance, le rapport note qu’il n’a pas été noté d’avancées notables à l’instar de l’affaire des viols et violences à Ebam dans la région du Sud-Ouest où aucune enquête n’a été ouverte «donnant ainsi l’impression que les autorités compétentes n’ont aucune volonté de faire la lumière et de punir les coupables». Pour le massacre de Ngarbuh, le groupe de travail note qu’il n’y a pas eu de développement important dans la procédure. Pas de changements dans les mesures en vue de faciliter l’accès des familles des victimes et des rescapés au procès. Pas de développement annoncé dans l’identification des civils qui accompagnaient les éléments de l’armée dans les opérations ayant conduit à la mort des civils et l’incendie des maisons.

Quant au massacre de Kumba, le rapport souligne qu’il n’y a pas de nouvelles ni d’avancées dans l’arrestation et la traduction devant la justice des responsables de l’attaque de l’école Mother Francisca International. Attaque qui a conduit à la mort de plusieurs enfants. Le Groupe de travail rappelle que dans le cas de la crise anglophone, on recense au moins 442 personnes arrêtées en violation des lois, procédures et règlements du Cameroun. De même dans le cadre de la lutte contre Boko Haram, le rapport fait état de ce qu’aucune annonce allant dans le sens d’une enquête indépendante dans les exactions de Doublé et Magdeme n’a été annoncée.

En rassemblant les chiffres des quatre rapports publiés par SUFC depuis janvier 2021, cela permet de relever de manière cumulée qu’au moins 247 personnes ont été tuées dans les régions de l’Extrême-Nord, du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Soit au moins 122 morts dans la lutte contre Boko Haram et 126 morts contre les milices séparatistes. Au moins 60 personnes kidnappées dont 45 dans la lutte contre les groupes armées ambazoniens et 15 contre Boko Haram. Et au moins 21 explosions et incendies provoqués par les groupes en lutte dans ces trois régions.

Ce qui faire dire au Groupe de travail des Droits humains que «ce qui précède vise à rappeler des cas très importants d’injustices». Et d’ajouter qu’«autant de données qui, loin d’être exhaustives, illustrent abondamment le fait que la situation dans ces régions en crise demeure critique pour les populations». Pour conclure, par 35 recommandations faites à l’endroit de l’Etat du Cameroun (Les autorités politiques et sécuritaires camerounaises), les groupes armés, les organisations de la société civile Camerounaise, les journalistes, les citoyens camerounais ordinaires, les organisations internationales et les pays partenaires de l’Etat du Cameroun.

Mathieu Nathanaël NJOG

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